samedi, mars 25, 2006

Les lumières de la ville

Hier je suis tombé sur récit vraiment sympa sur un forum, alors je nai pas résisté à l'envie d'en mettre une copie ici!
C'est un message de Moustique sur http://forum.paramoteur.fr :

Bonsoir à tous

Jeudi 23 mars, le printemps a fait
officiellement son entrée il y a 3 jours et nous avons droit à une succession de
passages nuageux avec du vent et du soleil en alternance.
Ce midi j’ai un
peu de temps et le soleil brille, je décide d’aller voler. Arrivé sur le déco
qui est à 500 m de chez moi, l’anémomètre me dit "16km/h de vent avec des
rafales à 22km/h". Je remballe tout et je vais faire un tour avec mon chien dans
la forêt.
L’après-midi de travail se passe avec son lot quotidien de
problèmes et de satisfactions et vers 18h00 je retourne directement au déco avec
le matériel qui était resté dans la voiture. Des nuages ont fait leur
apparition, plafond à 500m/sol, et il reste 10km/h de vent d’Est. Les bulletins
météo de Theyr.net disent la même chose : 10km/h, pas de pluie, couverture
nuageuse 10/10, 10°C.

Je déplie la voile et la teste. Elle se lève d’un
coup sans violence. Ca sera face voile. 18h30, je suis en l’air dans un ciel
chargé et une lumière crépusculaire. Les voitures ont leurs phares allumés et la
foule qui rentre du boulot dessine les routes à coup de raies lumineuses.

Je rejoins les bords de la vallée de l’Aisne et je suis les méandres de
la rivière entre 50 et 100 mètres sol pour ne pas trop être contré par le vent.
J’avance à environ 10-15 km/h sol. Les lumières des maisons s’allument, les
villages se dessinent dans la peine-ombre. Les usines apparaissent comme des
explosions de clarté, avec des spots intenses bleus, jaunes ou orange et
illuminent les fumées de toutes ces couleurs.

Je passe entre une grosse
usine et un village, au-dessus d’un marais qui longe la rivière et surprends un
groupe de sangliers bien près des maisons et des hommes ! La nuit, rien ne leur
fait peur. Pour ma part, bien qu’envoûté par la féerie des lumières j’ai
l’impression d’avancer dans l’inconnu alors que je connais bien ce coin.
L’aventure c’est l’aventure. Plus loin je passe au-dessus d’un terrain de foot
et je vois tous les détails des joueurs, mieux qu’en plein jour grâce au
contraste de l’éclairage du stade. Les joueurs s’arrêtent pour me regarder
passer. « Il est fou celui-là ». Je les salue de la main, ils me répondent et
reprennent leur match.

Encore un peu et je vais arriver au-dessus de la
maison de Roger, un copain paramotoriste. C’est le but de mon voyage au bout de
la nuit.

Mais le vent en a décidé autrement et après 45 minutes de
trajet aller, je décide de faire demi-tour à 500m de chez Roger. Il faut
préserver le retour et la nuit commence à s’installer franchement.

Et
là, le vent dans le dos, à 200m sol, dans la peine ombre tout s’éclaire encore
plus et le spectacle devient magique. Chaque village, chaque route, chaque
maison, chaque voiture, chaque usine sortent de la nuit pour dessiner la carte
avec une précision diabolique. Mieux qu’en plein jour. Jamais je ne me suis
senti perdu, retrouvant ma route avec plus de facilité que sous le soleil.

Avec le vent le retour dure 10 minutes. J’arrive près de mon village et
je ne sais pas si je verrai assez clair pour me poser. Si je ne me sens pas en
sécurité, j’irai sur le terrain de foot qui brille sous les projecteurs. Les
joueurs me laisseront bien me poser. En fait la visibilité est suffisante et je
peux me poser en douceur malgré un gradient assez fort.

Il est 19h28
soit 28 minutes après le coucher du soleil. J’ai donc volé en VFR.
Je replie
le paramoteur dans le noir et la voile à tâtons. Je rentre chez moi la tête
encore dans les nuages.

J’ai lu récemment « vol de nuit » de St Exupéry
et je pense à ces pilotes qui s’élançaient seuls au-dessus de la cordillère des
Andes en pleine nuit avec la radio et une boussole pour seuls instruments.

Le paramoteur c’est l’aventure au-dessus de chez vous. A consommer sans
modération.

a+
et bons vols
Moustique

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